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Tourisme et distillerie: le début d’une belle aventure (French Only)
Geneviève Quessy
Jun 7, 2021
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Photo by:
Charles Briand

À la distillerie Grand Dérangement, qui compte ouvrir ses portes à l’été 2020 à Saint-Jacques, dans Lanaudière, les visiteurs pourront visiter un économusée de la distillerie. « On y fera découvrir le processus de fabrication, mais aussi l’histoire de la Melchers, une importante distillerie qui se trouvait autrefois dans la région, indique Jean-Benoit Landry, directeur des communications. Des photos, des expériences multimédias et des objets d’époque agrémenteront la visite. On rappellera aussi l’histoire derrière le nom Grand Dérangement, un clin d’œil à notre coin de pays, où de nombreux Acadiens sont venus s’installer. »

Une bonne idée, selon Emmanuelle Choquette de Papilles développement, une firme spécialisée en développement bioalimentaire, en identité culinaire et en tourisme gourmand qui conseille des distilleries québécoises à propos de leur mise en marché. L’aspect humain est primordial selon elle. «Les gens veulent savoir qui vous êtes, d’où vient l’idée. Ils veulent connaître l’histoire derrière le produit, son unicité, puis les ingrédients qui le composent», explique-t-elle, conseillant d’«amener la distillerie dans le salon de dégustation» en prévoyant du matériel visuel, des affiches explicatives et même des vidéos.

Des initiatives originales

À Québec, à la distillerie Stadaconé, une salle est consacrée à un jeu d’évasion dont le thème rappelle l’histoire du village éponyme. « Stadaconé était le village iroquoien, ici, au moment de l’arrivée de Jacques Cartier, raconte Jean-Pierre Allard, président de la distillerie. Nos produits incluent des aromates qu’on y utilisait pour se nourrir et se guérir. C’est ce qu’on veut faire découvrir aux gens. » Bien que les touristes internationaux soient d’ordinaire nombreux à débarquer à Québec, M. Allard estime que 80% de sa clientèle est locale.

« C’est important d’être populaire auprès des locaux, car les touristes ne veulent plus aller dans les endroits touristiques. Ils veulent aller là où vont les gens du coin. »

Jean-Pierre Allard, distillerie Stadaconé

À Stadaconé, où 5% des ventes globales sont faites sur place, deux employés sont engagés toute l’année pour l’accueil.

La distillerie Fils du Roy, installée sur une terre agricole de Saint-Arsène, dans le Bas-Saint-Laurent, se démarque aussi par son unicité. Livèche écossaise, bourrache, thym et autres aromates qui composent ses alcools sont cultivés autour de la distillerie. Le copropriétaire Jonathan Ladislas Roy met sa production en veilleuse le samedi pour inviter les visiteurs au champ. « Les gens peuvent voir et goûter les herbes. Ça leur permet d’associer le goût avec ceux des alcools, explique-t-il. Ils sont impressionnés quand ils voient notre séchoir et les herbes suspendues en bouquets, à l’ancienne. »

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Une occasion à saisir

La distillerie Noroi s’est implantée à Saint-Hyacinthe, un endroit qui n’est pas spécialement reconnu comme une destination touristique. Son propriétaire, Jonathan Robin, a donc misé sur le tourisme d’affaires. « On reçoit des entreprises en semaine, ainsi que des groupes que nous envoie le Centre des congrès. » Noroi propose aussi des ateliers de mixologie afin de stimuler les visites du samedi. « La technologie innovante de notre alambic à froid attise la curiosité, poursuit-il. Quand on l’explique aux gens, ils goûtent à nos produits et comprennent son effet sur le goût. Ce qu’on veut, c’est en faire des ambassadeurs de Noroi. »

Passer le flambeau d’ambassadeur aux visiteurs: voilà la principale motivation des distillateurs qui ouvrent leurs portes au public. En considérant que la SAQ perçoit une majoration sur chaque bouteille vendue sur le lieu de production, les marges de profit ne sont pas plus élevées que si l’alcool est vendu à la société d’État. Le tourisme engendre même des frais pour certains.

Mais il faut voir l’opération comme un investissement, croit Charles-Henri de Coussergues, président de l’Association de l’agrotourisme et du tourisme gourmand et propriétaire du vignoble de L’Orpailleur, à Dunham. « Je n’existerais pas si je n’avais pas ouvert mes portes à l’agrotourisme. C’est mon outil de communication, affirme le vigneron avec conviction. Faire visiter, c’est du temps et de l’énergie, mais c’est comme ça qu’on crée une marque de commerce. Les gens repartent avec des souvenirs, puis vont plus tard racheter notre bouteille à la SAQ et raconter leur visite à leurs amis. Ce n’est pas avec de la publicité qu’on peut créer ça. »

Et l’aventure ne fait que commencer, constate-t-il. « Les gens veulent acheter directement chez le producteur. On le voit aussi aux États-Unis et en Europe. C’est une tendance qui est là pour rester. » 

*Ce texte a été rédigé avant la COVID-19. Certaines informations ne sont peut-être plus valides. Si vous prévoyez une visite, communiquez avec la distillerie pour vérifier que son offre n’a pas changé.