En tant que producteurs artisans, nous voulons pouvoir offrir nos spiritueux dans les marchés publics. À la Miellerie King, nous produisons du miel, mais aussi des hydromels en bouteille, des hydromels fruités en cannette, des mistelles et, depuis peu, des spiritueux faits avec notre miel. Nous pouvons vendre tous ces produits dans les marchés publics, à l’exception de nos spiritueux. La vente d’une liqueur à 40 % d’alcool est permise parce qu’elle est sucrée, mais pas la vente de spiritueux. C’est une injustice et les clients, qui en demandent, ne comprennent pas pourquoi c’est interdit.
Au gouvernement, on nous dit que la présence de spiritueux en bouteille dans les marchés publics permettrait aux gens vulnérables d’avoir accès plus facilement à de l’alcool. Je vends des produits de niche, coûteux : je vends une bouteille de 500 ml à 48 $. N’est-ce pas plus accessible d’acheter une bouteille de 750 ml de vodka à 25 $ à la SAQ?
On avance aussi que la vente de spiritueux ferait perdre de l’argent à la SAQ. Mon produit n’est même pas vendu à la SAQ! Comme nous sommes une distillerie artisanale, nous ne payons pas de redevance sur les ventes en distillerie, contrairement à nos collègues qui ont un permis industriel. Si je vendais plus de bouteilles, je paierais plus de taxes de vente et de taxes d’assises, et je contribuerais davantage à l’activité économique et à l’agrotourisme de ma région!
La Directive sur les marchés publics de la Régie des alcools, des courses et des jeux est mise à jour et votée aux deux ans. Les gens du ministère de l’Économie et de l’Innovation sont en train de statuer sur la directive de 2022-2023. C’est un moment idéal pour faire valoir notre point puisque les discussions ont cours et que la porte est ouverte. Il y a un flou sur la vente d’alcools forts, la réglementation est archaïque et ils peuvent y remédier rapidement.
Comme plusieurs de nos collègues microdistillateurs artisans, nous sommes situés loin des grands centres, à Kingsey Falls, dans la région du Centre-du-Québec : au centre de tout et au milieu de nulle part! Notre présence dans les marchés publics, comme le Marché de Noël allemand de Québec, nous donne une bonne visibilité. Si on pouvait y offrir des spiritueux, les clients connaîtraient nos produits et seraient ensuite intéressés à se déplacer à la distillerie.
La production artisanale d’un spiritueux est limitée et coûteuse : à plein régime, je peux produire au maximum de 1500 à 2000 bouteilles par mois. La fermentation du miel, tout comme celle du sirop d’érable ou des petits fruits par exemple, dure plusieurs jours. Je ne peux pas aller plus vite. On mise sur la qualité et l’expérience. Comme on ne vend pas à la SAQ et qu’il est interdit de vendre en ligne, une présence dans les marchés serait une occasion en or de faire goûter et de vendre nos produits en saison morte (sans que les gens doivent se déplacer chez nous) et ainsi d’augmenter nos revenus.
C’est sûr et certain! En intéressant les clients des marchés, ça créerait un engouement pour nos distilleries, nos installations, nos régions. On les inviterait à venir nous visiter durant l’été. Le but est de faire en sorte que les gens restent plus qu’une journée dans la région et participent ainsi à l’économie locale en allant dormir dans les environs, consommer au restaurant, faire des achats à l’épicerie.
Nous sommes fiers de ce que nous avons accompli, mais ce serait tellement plus facile si on mettait à jour la réglementation. Ça favoriserait les artisans et les touristes, et ce serait une occasion de plus de contribuer à l’essor des régions. Oui. De notre côté, nous sommes des producteurs de miel à la base.
On a commencé à faire de l’hydromel, des liqueurs et, après, des spiritueux. C’était une suite logique. On n’a jamais voulu obtenir un permis industriel, ça ne cadre pas avec notre mentalité. Nous sommes des artisans, mais c’est un vrai chemin du combattant.
Le saviez-vous?
Pour obtenir un permis de production artisanale, le demandeur doit être reconnu comme un producteur agricole et doit produire son alcool à partir des matières premières issues de son exploitation agricole.